Vers l’océan toujours. Soif d’embruns et de l’odeur
d’un petit port. Envie d’un repas d’huîtres et d’un vin blanc très sec
au comptoir d’un bar. Envie d’avaler des tonnes d’oursins. De sucer des
algues. D’avoir la peau et les cheveux poissés de sel. Envie de marcher sur
la jetée dans l’odeur des cordages mouillés, d’entendre le moteur sourd et
rythmé des caboteurs rentrant de la pêche. Envie de mordre dans le ventre des
poissons crus qui glissent et scintillent sur le pont des bateaux de pêche.
Envie sauvage de tout ce que je n’ai plus. Farouche envie d’être aimée
dans une chambre modeste dont le lit tanguerait comme un bateau. A défaut
d’amour, ivre d’oubli et de désir. Du dehors, on entendrait monter des voix
fortes, disputes, chansons à boire, flonflons, cris de mouettes.
Et comme toujours dans ces moments, on serait seul au
monde.